Une petite histoire du chemin de fer

D'après E. Marion, publié dans le journal du dimanche en 1890

En 1770, le Français Cugnot construisit son " Fardier à vapeur", une voiture sans chevaux pour porter les canons. C'était une invention considérée comme diabolique. Lors d'un voyage, Cugnot se trouva en présence d'une barrière à péage. Il s'arrête et demande au gardien " Combien faut-il payer ?". Le gardien, tremblant de tous ses membres à la vue de cette voiture qui marchait sans cheval et vomissait de la fumée et des étincelles, s'écria "Rien, rien pour vous monsieur le Diable, passez vite!".

Le poids de la voiture et l'état des routes eurent vite raison de ce véhicule. Il fallait un chemin de roulement en fer : les "Chemins à ornières de fer", et en 1789 ce fut la première révolution ferroviaire avec la naissance du rail moderne et de sa roue à boudin.

En 1804, un "doux rêveur anglais" osa placer une machine à vapeur sur la voie ferrée; la locomotive. Mais, suite à une idée incroyable, il fallut strier les roues et ce fut pendant dix ans les années folles du rail et le règne de l'imagination débridée. En 1813, après de nombreux essais, la locomotive à roues lisses et à rails polis s'imposa.

En 1823, on songea à réunir Liverpool à Manchester mais les promoteurs du projet furent sur le point de renoncer devant les difficultés soulevées par les intérêts mis en jeu. "Le chemin de fer projeté soulevait en effet l'opposition de tous les grands propriétaires fonciers, partisans des routes ordinaires qui desservaient leurs châteaux, leurs fermes, leurs terres, et sur lesquelles leurs voitures circulaient à leur convenance. On craignait l'affolement des bestiaux. Le bruit du chemin de fer, et la fumée vomie devaient, pensait-on, rendre inhabitable les châteaux et les maisons de campagnes voisins de la voie".

La concession fut accordée en 1826 et l'utilisation de la locomotive souleva de très nombreuses objections. "Quoi de plus évidemment absurde et ridicule que la perspective qu'on nous présente des locomotives circulant deux fois plus vite que les diligences. Autant vaudrait croire que les gens consentiraient à se lancer en l'air sur une fusée que de les supposer capables de se mettre à la merci d'une telle machine, marchant avec une pareille vitesse."

"Supposez qu'une vache vienne se coucher en travers des rails au moment du passage d'un train animé d'une vitesse de dix milles à l'heure. Ne serait-ce pas là un fait bien dangereux ?- Certainement, répondit l'ingénieur, fort dangereux ... pour la vache. "

Machine de Stephenson en 1829

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