Petite histoire des jeux sur PC

L'histoire qui va suivre a été écrite par un passionné de jeux vidéo sur PC. Elle retrace l'évolution des jeux depuis la création du PC en 1981 jusqu'à la rédaction de ce texte en 1992.

Jeux d'action

Space Invaders ou galaxian, les munitions ne sont pas comptées. Ces jeux connus sous le terme de jeux d'action. Ce type de distraction pour le moins primaire, facile a programmer au demeurant - et qui ne nécessite pas de connaissances approfondies en anglais (!) - a tout naturellement fait partie des premières fournées de programmes dont a bénéficié la logithèque du PC.

Pac Man 

Au moins un million de personnes ont dit jouer à PacMan : ce petit personnage qui devait avaler toutes les pastilles du labyrinthe en essayant de ne pas se faire lui-même dévorer ses ennemis. La réussite d'un niveau autorisait de passer au suivant, et ainsi de suite. Pas question de sauvegarder, et il fallait tout reprendre à zéro après le fatidique Game Over et le petit thème musical qui scellait Ia cruelle destinée du héros. On raconte que PacMan na pas rapporté un sou à son programmeur. Et pourtant, ce thème ludique a été repris dans une centaine de jeux qui lui ressemblent comme un frère. 

Autre grand classique, également abondamment imité et copié, Lode Runner. Le principe est connu diriger un petit personnage pour le faire passer d’une plate-forme a une autre par l’intermédiaire d’échelles, en échappant a ses poursuivants. C’était tout de même plus original que les sempiternels et rudimentaires casse-briques. Au fil des jeux, les programmeurs ont ajouté des ingrédients, par exemple Ia faculté du poursuivi de se défendre. C’est bien naturel. Déjà dans PacMan, le héros, de poursuivi pouvait devenir l’agresseur pendant de courtes phases de jeu si il réussissait à croquer certaines vitamines particulièrement dopantes... Autre précurseur des jeux de plates-formes et d’échelles, le fameux Donkey Kong. Force est de constater que délivrer la belle prisonnière des griffes du méchant à inspiré quantité de programmeurs.

Avec le temps, les scénarios sont devenus moins primaires, comme en témoigne Lemmings. Ii faut essayer de sauver de petits personnages qui vont droit vers leur perte en marchant - et tombant - sans le moindre discernement. Faites-les creuser, construire, stopper leurs semblables, pour amener la foule à bon port. Dans le même genre mais suivant une idée assez différente, Tiny Skweeks propose de “calmer” des bestioles bêtes et méchantes en les mettant "au lit” où elles finiront par s’endormir. Incredible Machine propose de faire appel à votre sens de la mécanique.

Evidemment, le PC a été le support de superbes simulations de billard électrique. Les flippers les plus célèbres s’appelaient Night Mission Pinball, fort bien sonorisé, Macadam Bumper. Ce dernier était redéfinissable. Pinball Magic propose de nombreux tableaux avec un nouveau parcours à chaque étape. Un des principes chers aux flippers réside dans les bonus que l'on gagne en réalisant une action particulière, décisive ou difficile. Ce principe a été étendu à de nombreux jeux d’arcade.

Parallèlement, on est progressivement passé d'un scrolling (effet de travelling de l’écran) purement latéral ou purement vertical, à une représentation en trois dimensions. L’innovation a commencé par la fausse 3D. Un exemple est le fameux Zaxxon. Selon une vague référence à l’attaque de l’étoile noire à la fin du premier film de Spielberg et Lucas, votre vaisseau devrait se frayer un passage vers le coeur de la base selon une trajectoire oblique en perspective isométnique, c'est-à-dire sans perspective réelle, les lignes de fuite restant paral!èles. La hauteur du vaisseau par rapport au sol était repérée par son ombre.

En trois dimensions

1987, c'est l’aboutissement de l’exploitation de la 3D en fil de fer. Un des plus réussis dans le genre, l’inoubliable Starglider, permettait d’évoluer dans son Agav au-dessus de la planète Novenia au milieu de forces hostiles dont les silhouettes étaient très inspirées du début du film de Lucas et Spielberg, L’Empire Contre-attaque. La stratégie n’était pas en reste puisque des missions précises étaient confiée. Il fallait recharger ses batteries dans des centrales à énergie, rentrer faire le plein de munitions à sa base. Remarquable pour l’époque.

Mach 3 portait bien son nom. On fonçait vers la ligne d'horizon. L’impression de vitesse était remarquable. Il fallait tirer, dégager pour éviter les chasseurs ennemis, les mines au sol, entrer dans le tunnel, même combattre la magie. Epuisant...

Gauntlet, primitivement jeu de café, fut adapté sur PC assez tard. Changement de décor : les murs d'une forteresse vue d’en haut selon un angle constant. On combat les hordes ennemies avec armes, sortilèges et potions.

MGT était un tank se déplaçant en lévitation, disons magnétique, et qui donc glissait sans frottement au-dessus du sol. A lui seul, son maniement présentait un intérêt ludique. Dans un labyrinthe en fausse 3D (isométrique), le tank devait se frayer un chemin au travers d’une vingtaine de salles pour réussir à détruire le cerveau de la centrale.

Déverrouiller les portes ou franchir des passerelles après avoir compris et maîtrisé le déplacement de blocs de glace, ajoutait une composante réflexion aux phases d’action.

Les faces des objets simplement suggérées en fil de fer prennent du corps les années suivantes. La puissance des microprocesseurs permet l’avènement de la “3D faces pleines”. Starglider II, Elite Plus, et tout récemment EPIC en sont des exemples. Moon Blaster introduisait un effet visuel intéressant, baptisé fullvision par ses auteurs. Normalement, pour donner l’impression de relief, les programmeurs se contentent d’un scrolling sur un fond bitmap. Là, le fond bitmap s'inclinait par rapport au tableau de bord du vaisseau reflétant le mouvement de celui-ci. Avec Midwinter, la stratégie importe au moins autant que l'action pure, l’ensemble conférant à ce jeu une profondeur de scénario qui a fait son succès.

Beat Them All

On a progressivement employé indifféremment le vocable de jeux d'arcades ou celui, plus général, de jeux d'action ou d'aventure-action. Dans Prohibition, le thème avait pour cadre les bas-fonds de New York et les opposants tiraient de routes Les fenétres. Bob Winner alliait des toiles de fond digitalisées représentant des paysages, à une animation souple du personnage qui maniait aussi bien le revolver que la savate. Un autre Bob, Morane celui-là, vous proposait en trois épisodes ses aventures dans la jungle, dans un château médiéval et dans un décor de science-fiction.

Changement de décor avec Bushido et autre Targhan, ou les innombrables thèmes inspirés des arts martiaux asiatiques. Karateka fut un des tout premiers. Le parcours était linéaire avec un scrolling horizontal, et l'action était entrecoupée de plans où l'on voyait la jeune femme que le courageux karateka allait délivrer ! Une séquence qui évidemment l’invitait à faire diligence et réactivait son courage... On frappe, on tape, on taille, on coupe, on pique, on saute, Beat Them All ! Au cours du temps, décors et animations deviennent plus travaillés et bénéficient de la montée en puissance des machines qui, également, autorisent des sprites de plus grande taille. Le baston se veut parfois réaliste comme dans Double Dragon. L’intérêt de ce titre réside dans la possibilité de jouer à deux. Cette idée s'est généralisée et certains logiciels offrent la possibilité de jouer via un Modem. Le principe du Beat Them All peut se combiner avec un système de plates-formes truffées de pièges diaboliques comme dans Rick Dangerous.

Le phénomène Tetris

Dans Marble Madness, ii fallait guider une bille vers un  à travers couloirs étroits et nombreux virages suivant les lois de la pesanteur. L’énorme succès de Tetris, le seul logiciel a avoir été programmé en URSS et a être devenu un best-seller mondial, est là pour montrer qu'un jeu très prenant peut être conçu à partir dune idée excessivement simple. Kiax ou Pipe Mania en sont d’autres exemples.

Au contraire de ces scénarios inspirés des BD ou de feuilletons d’aventures de second ordre, sont apparus des jeux d’action dégagés de toute référence anthropomorphique, et bases sur une règle dépouillée de toute complication.

E-motion semble avoir été inspiré par la vision des atomes qui forment les molécules, et les tentatives pour les représenter. II s’agit d'une sorte de billard en apesanteur. L’idée est des plus simples. Mais le jeu est très prenant. Ii est plus facile à jouer à deux. La prise de décision rapide doit toujours se combiner à un minimum de réflexion pour réussir. Logical, Booly, Time Race ou Guardimns en sont des exemples. Aucun na vraiment réussi à détrôner Tetris.

Extase est un peu à part. I! faut réparer un androïde en temps limité et en concurrence avec l'ordinateur. Le jet commande une bulle qui évolue dans un circuit électronique et peut en modifier les fonctions. Les "sentiments" l'androïde s'en trouveront affectés. Les choses s’accélèrent fur et à mesure du déroulement de Ia partie.

Le sport

Les jeux d’action se sont très tôt enrichis de titres présentait une référence sportive. Des 1984, Decathlon mettait en de façon graphiquement dépouillée mais ludiquement efficace, des épreuves d’athlétisme. On pouvait y jouer à deux et même à plusieurs. Winter Games, Summer Game en 1986 proposaient quantité d’épreuves sportives, pour tous les goûts. Bientôt suivront tous les sports d’équipe autour d'un ballon on dune balle : football bien sûr avec par exemple TV Sport Football ou International Soccer Challenge, basket avec TV Sports Baskettball, tennis avec Tennis Cup on Great Courts, parmi bien d'autres, d’innombrables simulations de golf. Pga Tour Golf, Nicklaus Golf Links, Microprose Golf constituent, dans l'ordre de leur parution, les titres qui connaissent le plus grand succès. Avec le temps, le genre a gagné en qualité graphique. Jimmy White's Whirldwind Snooker est une simulation de Snooker, le terme américain pour designer le billard européen.

Ski Or Die oscillait entre le réalisme d'épreuves de sport d’hiver et l'humour de petits jeux agrémentés de bonus !

Plus récent, avec des épreuves de slalom, descente, géant, bobsleigh, Superskise vent une simulation plus réaliste et y réussit.

A la frontière entre le défoulement pur, agrémenté - pourquoi pas - d'un zeste de Shoot Them Up, et la simulation de conduite, on trouve d'excellents titres. Space Racer proposait une course futuriste de motos volantes.

Tous les coups étaient permis. Stunt Car Racer met en scène des bolides à moteur V8 qui se poursuivent sur une piste étroite et surelevée, parsemée de fosses qu’il faut franchir sur sa lancée. On n'a pas le temps de lire le journal ! Crazy Cars met en scène une course poursuite entre l’agent du FBI que vous êtes et des voleurs de voitures. Et rien n'interdit de couper à travers champs...

Budokan, une simulation d’arts martiaux, fut un des premiers à utiliser la palette VGA 256 couleurs. Plus récemment, Epic béneficie d'une présentation somptueuse. Mais le contexte galactique n'est que prétexte a un simple Shoot Them Up! Plutôt que d'utiliser une palette de couleurs variées, les images préfèrent jouer sur les dégrades : absolument superbe. Les décors marient avec bonheur fonds bitmap et vaisseaux 3D calculés.

Panza Kick Boxing ajoute des animations. drôles à la classique simulation de boxe. Le mode graphique choisi se contente de la palette VGA de 16 couleurs mais, sa d'images dessinées et non digitalisées, le rendu graphique est nettement amélioré par rapport à une carte EGA. Ce jeu a rencontré un immense succès, mérité. Plus violent Speedball II propose une sorte de football américain futur, particulièrement barbare, qui se pratique avec une boule d'acier!

Jeux de plates-formes

Fort classique dans sa conception Xenon II montre à quel point un Shoot Them Up banal a scrolling horizontal dans le premier cas ou un Beat Them All agrementé de plates-formes dans le second cas peuvent être beaux en VGA, même en 16 couleurs seulement.   L'animation du personnage principal de Prince Of Persia est absolument remarquable. First Samurai en est une variante d'un décor d’Extrême-Orient. Magic Pockets, programi comme Gods par les célèbres Brothers Bitmaps, est également disponible. Dans le genre action/labyrithe, Dyna Blasterest reconnu comme un des meilleurs du moment.

Action ne signifie pas nécessairement absence de stratégie. Des jeux comme, The ImmortaL avec un scénario digne d'un jeu de rôle dans un labyrinthe en perspective isométrique privilégient l'action.

Another World est à la charnière entre l'action et l'aventure. Entendez par là que la composante action, avec une animation aussi réussie que dans Prince Of Persia est remarquable. Mais le scénario est lui aussi digne des meilleurs jeux d'aventure qui, eux, ne bénéficient généralement pas d’une animation aussi fluide et naturelle. Un physicien se retrouve dans les premiers temps de l’humanité à la suite d'une expérimentation incontrôlée. Votre héros évolue dans un décor 3D vectorisé de toute beauté, enrichi de détails bitmap. De surcroît, le jeu est français.

Les simulateurs

De Flight Simulator à la guerre du Golfe

Vu d’avion, le sol ou la mer sont de couleur unie, sur laquelle se superposent des reliefs, routes, rivières, cultures, habitations, navires s'il s’agit de la mer. Plus vite le simulateur saura calculer et ajouter des détails, meilleur il sera.

Vont se greffer sur cette base commune quantité de scénarios. La plupart se situent dans le contexte des grandes batailles aériennes, la guerre de 14-18 (Red Baron, Knight Of The Sky), la bataille d’Angletcrre (Their Finest Hours, Secret Weapons Of The Luftwaffe), la guerre du Pacifique (Aces Of The Pacific), ou des conflits imaginés dans le présent ou dans un proche avenir! Certains scénarios se sont révélés prophétiques. D’autres, empreints d'une ambiance de guerre froide, font sourire aujourd’hui.

Flight Simulator a toujours été un monument. On en est a la version 4. Même la première était en tout point remarquable. Elle offrait non seulement le vol "civil" mais aussi de prendre les commandes d’un Sopwit Camel, avec la possibilité de combattre des chasseurs allemands et de bombarder leurs usines, mais aussi de se poser en plein champ. Des livres entiers lui ont été consacrés. Il a servi de
référence pour tester la compatibilité d'un PC ! 

Le pilotage de chasseurs à réaction est possible depuis longtemps grâce à F 15 Strike Eagle. Les décors étaient sommaires mais l'impression de vitesse était surprenante, même sur un PC lent pour lequel il avait a l'époque été conçu. Les opposants étaient représentés en "fil de fer".

Plus ludique, le remarquable Gunship proposait de nombreux théâtres d'opérations pour un hélicoptère de combat. Là aussi, les opposants étaient représentés en "fil de fer" mais cela ne choquait pas car les reliefs étaient en 3D faces pleines. On commençait au Vietnam. Une fois aguerri, on passait en Amérique centrale, puis dans le désert (prophétique !), pour finir en Europe, devinez contre qui. Si j'ajoute que les auteurs sont américains...

Grâce au PC, on volait sur le chasseur furtif F 19 Stealth Fighter avant qu’il ne soit en service actif ! Le premier théâtre d’opération proposé était la Libye, puis on était envoyé dans le Golfe ! Pourtant paru depuis déjà deux ans, les ventes ont augmenté de façon sensible pendant Ia guerre du Golfe, et Microprose en a profité pour actualiser le scénario sur son successeur, F1J7A. Dans F19, l'opposant était l’Iran ! Comme dans Gunship, les plus difficiles missions de F 19 se situent en Europe. Quand je vous dis que les auteurs sont américains...

Gunship 2000 pour les hélicopteres, Chuck Yeager, Jetfighter, F 29 Retaliator on Falcon pour les chasseurs à réaction, ce dernier offrant des paysages en fractales magnifiques. Pour occuper un petit espace encore libre entre le chasseur à réaction et l'hélicoptère, Harrier Jump Jet propose un simulateur d'avion à décollage vertical !

Vous préférez le vol sur bombardier lourd plutôt que la chasse, plusieurs titres qui jalonnent l'histoire du PC ludique sont à votre disposition. Le plus ancien est The Dambusters. Il s’inspirait de la fameuse mission des Lancasters qui détruisirent les barrages de la Rhur durant la guerre de 39-45. Beaucoup plus somptueux puisque
paru très récemment, B l7Flying Fortress est à la gloire du plus utilisé des bombardiers occidentaux entre 1939 et 1945. La propulsion est a réaction dans Megafortress et Ie pilotage relève plus de la commande d'une centrale que de Ia vision chevaleresque du combat aérien sur monoplace.

Même le chasseur-bombardier Tornado est proposé en simulation. Où cela s’arrêtera-t-il ?

En dehors de Flight Simulator il existe peu de simulateurs de vol non guerriers. Evidemment, un vol sans histoire présente nettement moins d’intérêt sur le plan ludique.

Signalons tout de même A 320, paru en 1988, qui pimente le vol par un détournement, et A TP, tout récent, qui offre de prendre les commandes de divers Boeing ou d'un Airbus A 320. Il existe également un nouveau titre : AirbusA 320. Décidément, notre production nationale a du succès... Et pourquoi pas, UFO, un simulateur de vol... en soucoupe volante.

Sur deux et quatre roues

Enlevez la dimension verticale et vous avez un simulateur de conduite sur piste. Test Drive permettait de choisir sa voiture, Porsche, Corvette, Lamborghini, Ferrari. C’est parti, on accélère, on passe les vitesses, la route est sinueuse, la roche d’un côté, le précipice de l’autre. Il faut doubler les poids lourds et ne pas se faire prendre par le radar de la police, là où La vitesse est limitée. Le programme a beau avoir cinq ans, il reste toujours d’actualité ! Et c’est moins cher que d’investir dans une CB...

Le théâtre de vos exploits peut aller des rues de San Francisco au volant d’une Corvette (Vette) à un Grand Prix de Formule 1 au volant d’une Ferrari (Ferrari Formula One) en passant par le fameux anneau de vitesse (Indianapolis 500) et la Porsche Turbo Cup. Parmi les plus récents, Road And Track vaut le détour.

Vous vous sentez plutôt porté sur le guidon que le volant ?
Pas de problème, depuis 1987, Grand Prix 500 cc vous fait vivre la course. Deux joueurs se partagent l’écran. Récemment, ce type de jeu bénéficie de 256 couleurs Team Suzuki. 

Bruits de chenilles ou de sonars

Ii ne s’agit pas de simulations d’insectes mais de tanks. Si vous êtes atteint de claustrophobie et vous gardez bien de monter à bord d’un sous-marin ou simplement d’un char, rien ne vous empêche de simuler leur maniement sur votre PC. La toute prèmiere simulation sous-marine, Gato, était relativement rudimentaire, mais c’était néanmoins un des meilleurs jeux sur PC de l’époque, tous genres confondus.

Très tôt, il s'est vu concurrencé par Silent Service. Ce logiciel proposait un théâtre d’opérations beaucoup plus réaliste que Gato, puisqu’il s’étendait à tout le Pacifique avec une carte détaillée.

Les simulations.de tanks sont apparues beaucoup plus tard. Sherman M4, un logiciel français en 16 couleurs VGA est superbe. On peut diriger alternativement les quatre chars de l’escadron. Peu après, les éditeurs américains ont frappé fort avec plusieurs titres dont les meilleurs semblent être M1 Tank Platoon, en 256 couleurs et offrant des options stratégiques assez réalistes, et plus récemment Pacific's Islands. Le premier se réfère à un conflit contemporain, tandis que le second retrace le contexte de la dernière Guerre mondiale.

688 Attack Sub, un des tout premiers logiciels à exploiter le mode 256 couleurs, est une simulation de sous-marin moderne, embarquant des missiles à tête nucléaire. Désolé si un frisson vous parcourt le dos. Détail intéressant vous pouvez prendre le commandement du sous-marin américain 688 ou du sous-marin russe qui lui est opposé dans certaines missions! La sophistication technologique est évidemment nettement moindre sur le navire soviétique ! Vous avez deviné que ie soft est américain... Revenons a la période 39-45. Silent Service garde les atouts qui ont fait la réputation de la première version et offre le mode VGA 256 couleurs. A sa sortie, fin 1990, le choix s’avérait difficile par rapport à ses concurrents exploitant ce même mode graphique : Das Boot et Wolfiiack.

Les simulations navales de surface perdent une dimension et avec elle les paramètres liés à Ia plongée. Citons un logiciel ancien qui s'avérait complet et bien réalisé, Destroyer et un plus récent béneficiant de 16 couleurs en mode VGA :  ADS pour Advance Destroyer Simulator. ADS est d'une prise en main particulièrement facile. On attend la sortie d'une simulation axée sur la poursuite du Bismarck pendant la Seconde Guerre mondiale, Great Naval Battles, ainsi que celle de Task Force 1942 dont laction se situe dans le Pacifique. Curieusement, le commandement d'un porte-avions n’avait pas fait jusqu’à présent l’objet dune simulation, bien que le porte-avions fasse de brèves apparitions dans certains simulateurs de vol. Cette lacune est comblée avec la parution récente de Carriers At War. Rien ne vous empêche plus de revivre la bataille de Midway.

Jeux d'aventure

On y trouve Ia plus grande variété de genres : aventure textuelle, style "livre dont vous êtes le héros", disparu au profit de l’aventure graphique haute en couleurs, comportant de plus en plus de séquences évoquant le m interactif. Avec certains titres, on approche le concept du "jeu complet" : le décor, l'animation et l’environnement sonore simulent le contexte de façon de plus en plus réaliste. Et le territoire à explorer est immense et varié, les protagonistes nombreux. 

Les adaptations de films et de BD

Après le relatif échec d’adaptation de livres classiques comme Robinson Crusoe, les éditeurs ont adapté les bandes dessinées de l'école française avec plus ou moins de bonheur. Ainsi avons-nous pu faire revivre sur nos écrans Les Passagers Du Vent, Asterix Chez Rahazade, Blueberiy on La Quête De L'oiseau Et Du Temps. Ensuite, la mode était plutôt aux adaptations de films produits outre-Atlantique. Indiana Jones And The Last Crusade fut un des precurseurs, suivis de Hook, Indiana Jones And The Fate Of Atlantis, Star Trek 25th Anniversary. Dune est remarqable par sa mise en image originale et l’utilisation des 260 000 nuances de la palette VGA. 

Le dessin animé interactif

En 1989, Dragon's Lair a constitué un événement. Il présenta comme un véritable dessin animé interactif. La boîte contenait 13 disquettes ! Mais le résultat était là : animation comme on n'en avait encore jamais vue sur micro avec des sprites aussi grands que l'écran! Passé l'engouement dû à la nouveauté, on a bien vite déchanté. Cetait beau à regarder mais bien peu intéressant sur le plan ludique. Il a été suivi de plusieurs autres dont Space Aceavec un décor nouveau et futuriste. 

C’est vous le détective ou l’agent secret

Quantité de titres vous proposent de tester vos capacités de déduction. Hacker, Meurtres En Série et Carmen San Diego comptent parmi les plus anciens. Hacker proposait de visionner des bandes magnétoscopées pour découvrir les indices nécessaires. Des 1986, le Manoir De Mortevielle innovait en introduisant la parole et en français. Vendu avec un atlas illustré, Carmen San Diego présente une composante éducative bien pensée tout en restant parfaitcmcnt ludique.

Ont suivi des titres comme : Countdown, Operation Stealth, Rise Of The Dragon, The Colonel’s Bequest... Les titres français ou traduits dans notre langue étaient rares : Croisière Pour Un Cadavre, Maupiti Islands, Lure Of The Temptress. L’inconvénient de ce type de jeu est qu'il n'est pas rejouable une fois la solution trouvée. 

La série des Leisure Suit Larry ajoutait une note qui se voulait humoristico-érotiquc. Mais l’humour est en anglais et il faut disposer d'une solide pratique de la languc pour l'apprécier. L'érotisme soft est également présent dans un titre comme Leather Godesses Of Phobos II, en français. 

L’humour, même français, peut être noir, et le contexte particulièrement cynique témoin le jeu KGB.

L'aventure dont vous êtes le héros

Heart Of China, innove grâce a une mise en image en tout point exceptionnelle. Le cadre est Ia Chine des années 20, du moins au début de l’histoire.

Vous préférez le Mexique à la Chine, allez donc en jeep à la recherche du Fétiche Maya. Vous souhaitez davantage de dépaysement ? L’époque préhistonique vous convient-elle ? Alors mettez-vons dans la peau de l’homme des cavernes, chassant, en quête d'ean et de nourriture dans un vaste territoire hostile pour que survive sa tribu. Sapiens est un des plus anciens jeux d’aventure français, en CGA, mais son originalité lui garde tout son charme et son intérêt.

Postérieur puisqu’en EGA, Simbad mettait en place une structure ludique riche, avec dialogues, exploration et actions variées sur fond de déplacement de troupes comme dans un wargame!

Samurai s'est essayé à proposer un jeu "complet", combinant différents genres dans la succession des séquences. Il allie des phases d'arcade, duels au katana, "mêlées" contre cent selon une mise en scène façon Gauntlet où l'arc du samouraï fait merveille, la gestion pour accroître sa propre influence et étendre sa puissance, la diplomatie pour le jeu politique, et même le wargame avec des batailles rangées. Les graphismes, limités à 16 conleurs, contribuent bien à l’ambiance. 

La couronne d’Angleterre

Transportons-nous en Europe à l'époque médiévale. A mi chemin entre l’aventure et la stratégie, Defender Of The Crown vous proposait de reconquérir le trône d’Angleterre.

C’cst un des jeux qui ont le mieux exploité les maigres possibilités graphiques de la carte CGA. Une partie se jouait en qnelques heures. Ce type de jeu, aux antipodes des séquences d’episodes linéaires que l'on rencontre très souvent dans les jeux d'aventure, laissait toute latitude du choix au joucur, selon les réactions des dangereux seigneurs voisins gérés par l'ordinateur. Tournois, batailles rangées et construction d’ouvrages fortifiés, sièges, assauts des châteaux ennemis, conquêtes, bien des ingrédients qui font l'interet des jeux d’aventure étaient présents. Et c'était en 1987.

Au temps des boucaniers

L''action de Pirates, comme vous l’imaginez, se situe la mer des Caraïbes. Le joueur a le choix d'une période de dix ans entre 1560, à l’apogée espagnole, et 1660, la période de déclin de la piraterie, décimée par les corsaires appointés par les gouvernements las de leurs exactions après les avoir encouragées. C'était une façon comme une autre d’affaiblir les nations avec lesquelles on était en guerre. Piller les villes riches, la flotte au trésor espagnole ou le train d'argent délivrer les membres de sa famille après avoir enquêté pour apprendre où ils sont retenus et obligés de travailler comme forçats dans des plantations, commercer, se marier, chercher la gloire et la fortune. Elle est ponctuée de duels au sabre, où votre aptitude à galvaniser vos hommes joue un grand rôle sur l'issue du combat, de canonnades précédent l'abordage ou de l’assaut contre un font ennemi. 

Exotisme

Tolkien a inspiré The Hobbit, une des plus anciennes aventures graphiques en images fixes. En France, peu après et dans le même genre, Sram a acquis une relative notoriété bien moins que le célèbre The Pawn, superbement mis en images et bénéficiant des premières animations dans un jeu d'aventure. 

Voici un simulateur de vol peu commun : chevaucher un dragon et le piloter au même titre qn’un monoplan armé Dragon Strike exploitait une idée originale. La série King Quest l'est moins. Comme pour les enqnêtes policières, le jeu est terminé une fois la qnête aboutie. D’ou le souci des éditeurs de proposer régulièrement une nouvelle aventure. On en est au cinquième volet dans la série des King Quest, sur fond médiéval, au sixième dans celle des Space Quest, futuristes. La structure indiquée est la même que dans les Police Quest, Leisure Suit Larry ou Laura Bow, tous du même éditeur. Quest For Glory II exploite plutôt un décor "oriental fantastique". Le récent Legend Of Kyrndia marque un net progrès par rapport aux productions de Sierra, an moins sur le plan de la beauté graphique.

Loom constitue une expérience un peu à part, fort réussie an demeurant. Le joueur incarne un apprenti magicien qui doit mémoriser des sorts sous formes de notes de musique.

Voyage à travers le temps et l’espace

Le voyage dans le temps a toujours été prétexte à des situations variées. Ce thème a été très exploité, par exemple : Les Portes Du Temps ou Les Voyageurs Du Temps. Des titres récents cornme B.A.T. II, Eternam on Bargon Attack montrent que les français savent faire aussi bien, sinon mieux, que les anglo-saxons dans le domaine de l’aventure. B.A.T II offre animations, profondeur de scénario, décors superbes et "jouabilité" qui n'ont rien à envier aux productions d'outre-Atlantique. Géré à la souris en cliquant directement sur l’écran, Bargon Attack, traitant de l’invasion de la terre par les extra-terrestres de Bargon, propose une ambiance étrange loin du classicisme de Heart Of China. 

L'espace intersidéral est aussi matière inépuisable d'aventures dépaysantes. Elite, un des plus anciens, est aussi un des plus célèbres. Commerce intergalactique se combinait à merveille avec une stratégie d’exploration et de compréhension des modes de vie des aliens sur fond de guerre stellaire, pour offrir une richesse de scénario qui arrive à faire oublier les graphismes en fil de fer. L’Arche du Capitaine Blood était par contre superbe, même en CGA. Mais le jeu, beaucoup trop répétitif, devenait vite lassant. Kristor proposait de présider aux destinées dun peuple ayant preque épuisé les ressources de sa planète (est-ce prophétique ?) par laconquête des planètes voisines, conquête contrariée par de belliqueux voisins qui ont les mêmes problèmes. Les trois peuplades hostiles sont gérées par l'ordinateur. On pouvait obtenir des renseignements sur leurs déplacements. Mais les voyages sont longs sur des distances chiffrées en années-lumière et ii fallait comparer avec des informations devenues caduques. On pouvait éventuellement envoyer une flotte attaquer les bases ennemies localisées, ou mieux encore prendre le commandement d'une escadre et y aller soi-même. C’était un risque calculé car votre propre planète risquait d’être attaquée en votre absence. Starvega, le premier jeu français en 256 couleurs, reprend certains des ingrédients qui avaient fait le succès d’Elite. Mais, en plus du commerce et de la piraterie, vous pouvez aussi prospecter et exploiter le sol de certaines planètes. Et vous n’êtes plus seul. Il faut recruter un équipage, peu sûr d’ailleurs, dans les bouges de la galaxie des Mille Soleils, avant d’espérer récupérer ses propres compagnons enfermés dans des bagnes dispersés sur des planètes perdues. Alors seulement, on pourra envisager de traquer l'horrible Dark Davor jusque dans ses bases les plus secrètes. La représentation graphique devient alors similaire à celle des jeux de rôle. L’aventure est géante.

Age (pour Advanced Galactic Empire) propose un contexte combinant 3D surfaces pleines et bitmap absolument remarquables. La palette de couleurs est exploitée pour de superbes levers et couchers de soleil. L'animation est fluide et rapide. Même si le thème du scénario reste peu original, sa profondeur assure de longues heures de vif plaisir pour le joueur. Et les quatre derniers jeux cités sont français.

Mais, dans le domaine de l'aventure cosmique, la palme revient incontestablement à Wing Commanderet son prolongement encore plus beau et abouti, Wing Commander II : Vengeance of the Kilrathi. Ce titre est peut-être le meilleur jeu sur PC, tous genres confondus, pour l’instant du moins. C'est d’abord un jeu d'action, en fait traité comme un véritable simulateur de vol sur chasseur ou torpilleur galactique. Mais les vaisseaux ne sont pas dessinés en formes géométriques comme dans pratiquement toutes les animations 3D récentes, us sont représentés avec des profils réalistes en 256 couleurs, et cela change du tout au tout! Surtout la place accordée aux dialogues et au scénario en général, même s'il est un peu linéaire dans Vengeance Of The Kilrathi, en fait un jeu d'aventure hors du commun. 

Mantis, qui ressemble a Wing Commander par certains côtés, ne semble pas prêt de le détrôner. Par contre X-wing reprenant le thème de la Guerre des Etoiles de Georges Lucas, semble annoncer une concurrence autrement sérieuse. Au carrefour des inspirations entre la mythologie des Incas et l'univers futuriste Inca, aussi prévu sur CD-ROM, est également un titre dont la sortie est à surveiller.

Féeries et horreurs sans nom

En matière de fantastique, Dark Seed vaut certainement le détour grâce aux dessins angoissants de H.R. Giger. La magie est omniprésente dans Spellcraft Aspects of Valor et il vous faudra concocter des sorts et les utiliser a bon escient pour vaincre les maléfices des cinq domaines de Valoria.

S'il est un genre où l'on rencontre monstres, dragons, démons et autres horreurs, c'est bien dans les jeux dits "de rôle". L'appellation est impropre car le vrai jeu de rôle se pratique à plusieurs. Il est vrai que rien n’interdit de jouer à plusieurs autour du micro. En fait, on a l’habitude d’assimiler ce type d'aventure sur micro au jeu de rôle car, au lieu de ne contrôler qu'un seul héros comme dans les genres d'aventures évoquées jusqu’a présent, on conduit tout un groupe. C'est évidemment un domaine de prédilection pour l'ordinateur capable de gérer l'évolution de la situation quasi instantanément. L'intérêt ludique est en effet de se trouver confronté à une quantité de paramètres :

Les caractéristiques des membres du groupe. Pour chaque personnage : force, endurance, habileté, intelligence, volonté, charisme, etc. ses talents éventuels, sa race le prédisposant à réussir certaines actions, son équipement, armes et protections, son état de santé, blessé, empoisonné, fou, paralysé, etc. 
Les caractéristiques des opposants de rencontrés guerriers, sorciers, magiciens, monstres... On peut reprendre la liste précédente...
L'influence de la nature du terrain, la lumière, l'atmosphère, les champs de forces, la magie, etc...

Tous ces facteurs sont pris en compte par l'ordinateur qui traduit instantanément l'évolution de la situation en fonction des choix assignés à chacun des personnages. L'ambiance et le rythme de l’action ne sont pas brisés par d'incessants jets de dés comme dans un jeu de rôle autour d'une table. Mieux, le groupe évolue dans un décor tridimensionnel et l'action peut être gérée en temps réel comme dans un jeu d'arcade ! A la souris, on commande tel ou tel personnage de frapper ou de lancer un sort en même temps que l'on constate les dégâts causés aux personnages en première ligne. Ils ont intérêt à être blindés !

Un avantage de ce genre de jeu réside dans l’entière liberté qui est laissée au joueur d’évoluer comme bon lui semble. Le territoire est vaste, comporte en général plusieurs villages, des châteaux, égouts ou des cryptes constituant de formidables labyrinthes. Vous avez le choix de qui emmener et où aller. 

Sur PC, le plus ancien dans le genre, est Ultima. Plus qu’un jeu, c'est une saga, initiée avec debut de Ia micro-informatique. Ultima III a déjà huit ans. Ultima VI était un des premiers à exploiter le mode 256 couleurs. Ultima VII vient de paraître... Sa traduction en français est annoncée. Les scénarios sont tous remarquables et d'une richesse extrême qui s’amplifie au fil des épisodes.

Ii existe une autre saga culte dont lorigine est au moins aussi ancienne que Ultima, cest Wizardry, Sorcellerie en français. Les trois premiers épisodes ont connu la célébrité sur Apple. Mais il a fallu attendre le septième de la série pour le voir apparaître tout récemment sur PC ! Le titre est Crusader Of The Dark Savant.

Entre ces deux époques, le jeu dit “de rôle” a mûri pour devenir un genre des plus aboutis. Des 1986, Tera, limité au graphisme CGA comme Ultima III, proposait des images plein écran pour chaque lieu, un peu répétitives il est vrai, mais il fallait que les éléments tiennent sur une disquette de 360 Ko, la norme de l’époque. Karma proposait 3 500 lieux a visiter sur six planètes, et un groupe pouvant atteindre 20 personnes mêlant les talents propres des samouraïs, ninjas, Grand prêtre, astronautes, marchands, même nécromanciens ou cyborgs. Paru début 1987, il nécessitait 512 Ko et deux disquettes d’images digitalisées.

Le premier Bard’s Tale, exploitant les premières cartes EGA, est disponible en France peu après. Le jeu innove par une animation cyclique du monstre ou du personnage dans une fenêtre représentant un quart d'écran avec treize niveaux de labyrinthes 20 x 20, truffés de pièges et de monstres, jusqu’à quatre groupes de 99 Bersekers, le jeu tient en haleine durant des semaines avant de parvenir à vaincre le sorcier Mangar.

Inutile d'aborder Bard’s Tale II sans une équipe qui a déjà vaincu Mangar dans le premier épisode, sinon c'est la galère assurée dans le donjon d'entraînement Par contre, le problème ne se pose pas avec Thief Of Fate, le dernier volet.

En effet, tous les membres d'une équipe débutante se voient attribuer le niveau 36 à la fin du donjon d’entraînement et la victoire sur Brilhasti ap Tarj.

Les trois épisodes des Bard’s Tale apparaissent à l’usage tout à la fois plus plaisants et plus prenants que la série concurrente diffusée avec le label "Official Advanced Dungeons & Dragons" et initiée avec Pool Of Radiance en 1988. Le dernier titre est Pools Of Darkness. Le même éditeur, SSI, a publié récemment deux titres bâtis sur une structure ludique et une mise en image incomparablement supérieure: Eye Of The Beholder I et II, tous deux en 256 couleurs et calqués sur le modèle de Dungeon Master qui vient seulement d’être adapté sur PC. Signalons également Captive dans le même genre. Une nouvelle structure ludique est annoncée dans Dark Sun Shattered Lands. Betrayal Of Krondor s’annonce également comme un titre dont la sortie mérite d’être guettée.

Drakkhen, paru en 1990, et en graphisme EGA, a inauguré la représentation tridimensionnelle vectorisée avec superposition d’images bitmap pour un jeu de ce genre. Le relief et l’ambiance y gagnent considérablement en profondeur.

La gestion du jeu, façon arcade, se fait en temps réel. Ii faut voir, quelque part dans un désert, un gigantesque oiseau plonger sur votre groupe, s’emparer d'un de vos aventuriers, et le laisser retomber du ciel à quelque distance de là!

Deux titres récents vont encore plus loin dans la représentation réaliste du décor Ishar et Ultima Underworld, tous deux en 256 couleurs. Habituellement, on se déplace de "case en case", et même si l'on a une vision du décor plus lointaine, la progression se fait "par sauts successifs". Or, Ultima Underworld propose une vision plus réaliste, un peu comme dans un simulateur, mieux même puisqu’il s’agit de bitmap vectorisé. Legend Of Valor, annoncé pour très bientôt, se présente comme un sérieux concurrent d’Ultima Underworld. Le détrônera-t-il ?

Dans Ishar, grâce à une gestion remarquable des différents plans bitmap qui constituent le paysage, les images sont magnifiques et on a vraiment une impression de perspective avec les fonds les plus lointains émergeant de la brume. Une particularité est de former le groupe uniquement avec des personnages de rencontre. L'équipe se fera et se défera au long de la progression, une situation peu courante dans un jeu de rôle. Vous allez délivrer une jeune fille pour la rendre à son père. Mais elle ne veut pas quitter le beau jeune homme qui l'a sauvée ! Il faut faire boire au beau héros un élixir de "rupture de charme" pour poursuivre la quête s'en s'embarrasser de la péronnelle !

Avant d'en arriver à ces représentations récentes plus sophistiquées, les années 1989 et postérieures ont été agrémentées de scénarios de plus en plus élaborés, capables d'occuper vos soirées durant des semaines ou des mois !

Legend Of Fairghails en 1990 n'offrait encore que des graphismes EGA, et l'approche de n'importe quel opposant était toujours représentée par la même ombre grise. Mais le scénario prenait en compte le jour et Ia nuit, le poids des objet transportés, les dégats causés aux armes et aux armures que le forgeron de l'équipe pouvait réparer, etc. Scenarios fleuves et 256 couleurs pour Ultima VI et Might & Magic III. 

Ultima VI propose non plus une représentadon "à plat", et des icônes de personnages se déplaçant de case en case comme dans les précédents épisodes de la série, mais une perspective "à Ia Gauntlet" vue de dessus selon un angle fixe.

Lord British alias Richard Garriot, le concepteur d'Ultima, a gardé la même structure ludique pour l'adapter à un decor aztèque. Le titre est Savage Empire. Dans le même ordre d'idée, l'auteur a également développé une histoire sur la planète Mars, qui n'est pas aussi réussie. 

Comme dans Isha r, Might & Magic lll présente une vue par plans superposés, mais sans la beauté ni les brumes d'Ishar. Tous deux offrent de former un groupe comprenant jusqu'à huit personnages. Mais Might & Magic III propose un territoire immense avec de nombreuses îles, chacune abritant villages, châteaux, eux-mêmes comportant des labyrinthes en sous-sol, et d'énigmatiques pyramides qui se révèlent, après des semaines d'exploration, être les entrées d'une gigantesque centrale futuriste souterraine. Ainsi, après un début de partie au milieu des Orcs et des Gobelins, l'aventure se termine par le décollage d'un vaisseau spatial ! Je suis curieux de voir
l'épisode suivant dont la sortie est annoncée. Might & Magic lIl a été traduit en français.

On trouve également quelques titres où prime l'action en temps réel mise en image selon une perspective 3D isométrique, par exemple Shadow Sorcerer et Legend.

Si vous êtes las des mythes tolkieniens, essayez Darklands et son ambiance moyenâgeuse. Promenez votre groupe de quatre aventuriers dans les cent villes et la campagne de l’Allemagne du quinzième siècle. Alchimie et religion remplacent magie et sorcellerie. Cherchez la gloire et la renommée en débarrassant les villageois des fléaux qui les assaillent. Vous en avez plus qu'assez des boucliers, cottes de mailles et épées à deux mains ? Tournez-vous alors vers les décors inspirés de thèmes traitant du retour à la barbarie après "le grand cataclysme". Zone est fortement imprégné de Mad Max ll ou Mal evil. L’action s'y trouve suggérée par une avalanche d’images dans des fenêtres qui se superposent, paru en 1988.

Jeux de stratégie

Une gestion pacifique

Sim City vous propose de fonder une ville et d’en assurer la gestion et le développement harmonieux. En tant que maire, vous avez la charge de fixer le montant des impôts pour lotir, implanter des zones industrielles ou commerciales, installer le réseau électrique, développer les voies de communication et l’infrastructure des transports, veiller à la sécurité, penser aux loisirs, etc. Après quelques parties, vous serez peut-être plus indulgent à l'égard de votre unicipalité. Car vous aurez été à même de constater à quel point il est difficile de concilier les nécessités de la croissance industrielle, pour assurer l’emploi à tous, avec le développement écologique de l'habitat, contrôler le coût des terrains, la délinquance et les problèmes de circulation aux heures de pointe ! Si vos administrés ne supportent plus les conséquences de votre gestion, ils quittent la ville ! Les commerces ne prospèrent plus, les usines ferment, faute de main-d’oeuvre, les impôts ne rentrent plus. C’est la spirale déflationniste infernale. Pour éviter d’en arriver là, prenez régulièrement le pouls de l'opinion publique. Pourtant âgé de quatre ans, ce logiciel reste tout à fait remarquable. Les graphismes EGA haute resolution sont parfaitement adaptés.

Dans Civilization, même si votre gestion se veut pacifique et que vous privilégiez les échanges des connaissances avec vos voisins, il faudra néanmoins préparer votre défense contre des voisins aux ambitions expansionnistes ou simplement face aux pirates avides de pillage. Il est illusoire de prétendre échapper aux invasions sans maintenir une armêe et une flotte régulièrement modernisées au fil des siècles, dusse votre tempérament pacifique en souffrir. 

Répartir de façon équilibrée les revenus de votre domaine pour payer les corps de métier qui construiront votre citadelle et entretenir une armée pour la défendre constitue l'objectif premier de Castle. L’idée est bonne mais Faction manque un peu de souffle. Siege, nouvellement paru, semble beaucoup plus prometteur. Toujours dans le genre de jeux où le contexte belliqueux est réduit au minimum, signalons Railroad Tycoon qui vous propose de construire une ligne de chemin de fer dans le far-west du dix-neuvième siècle. A-train vous invite également à implanter un réseau ferroviaire, mais dans une ville moderne cette fois.

Le tribut à l’éducatif la nature, la médecine et l’écologie

Votre ambition ne se suffit plus de la gestion dune ville, alors gérez la planète entière. Dans Sim Earth, tel un dieu, vous présidez à la mise en place d’écosystèmes et veillez à la bonne évolution d'une planète. Les conflits commencent avec l'apparition de l'être humain ! Sim Ant propose une approche ludique de l’observation et de la gestion de la vie d'une colonie de fourmis. Ces insectes, devenus géants, sont par ailleurs le thème de It Came From The Desert mais, en dehors de son rapport aux fourmis, ce jeu d’aventure n'a pas grand-chose à voir avec les sciences naturelles... Le côté éducatif se veut également privilégié dans Eco Quest. Dans un genre différent, Life And Death est une simulation d’opérations chirurgicales. The Castle Of Dr Brain reprend également un thème inspiré de la médecine, mais sans vraiment convaincre. Sim Life est beaucoup plus convaincant. Ii ne s’agit ni plus ni moins que de simulation de l'évolution biologique à l'echelle de la planète ! Une approche franchement hilarante des lois scientifiques est proposée dans Turbo Science, accompagné d'une BD.

A côté de classiques comme Supremacy ou Global Conquest proposant ni plus ni moins que d’accéder à la domination mondiale, certains logiciels comme Populous ou Mega Lo Mania vous font jouer le rôle d’un dieu, sans le moindre complexe ! Après tout, si cela peut aider à se défouler. Dans Populous, en bon dieu que vous êtes, vous combattez bien sur le diable. Comment ? En ayant plus d’adorateurs que lui comme de juste. Leur foi en vous (!) les conduira à combattre le peuple qui adore le faux dieu. Si les prières atteignent un niveau suffisant, vous pourrez aider vos fidèles en frappant de toute votre puissance. Déchaînez pire que les sept plaies d'Egypte contre les infidèles !

Powermonger reprend la Structure ludique de Populous en l'adaptant à un thème plus proche du wargame. Un jeu assez remarquable à toujours échappé aux classements par son originalité Sentinel. Dans un décor fractal, vous devez progresser par bonds successifs en absorbant de l'énergie tout en échappant au regard de "la sentinelle" et de ses acolytes car leur regard est mortel.

Quartier général

The Ancient Art Of Warest le plus ancien des wargames sur PC. Paru en 1984, il est toujours édité. C'est excessivement rare. On assigne un mouvement, un objectif à chaque unité et elle s'y conforme jusqu’a ce qu’on lui donne un ordre contraire. Si elle rencontre une unité adverse, il y a combat, dans lequel le joueur peut directement intervenir, mais seulement s’il le souhaite. Paru beaucoup plus tard, UMS est plus conforme au genre du Kriegspiel. A tour de rôle, joueur et opposant (joué par un partenaire ou par l’ordinateur) déplacent leurs troupes et engagent les combats avec les unités à portée, s'ils le souhaitent. Une série de wargames se déroulent dans un contexte futuriste : FuilMetal Planet adapté du jeu de plateau, Battletech, Dominium.

DDay, le jour le plus long, est une simulation du débarquement du 6 juin 1944, sortie tout récemment. Les unités alliées sont programmées conformément aux objectifs du célèbre jour. Mais le joueur a toute latitude pour modifier les objectifs et intervenir, façon jeu d’arcade, pour influer favorablement sur les engagements qu’il juge décisif. Bombardernents, attaques de chars (reprises de Sherman M4), parachutages, mouvements de fantassins contre les tireurs isolés, les blockhaus ou les chars ennemis, alternent avec les informations sur le déroulement des opérations. Dans un genre similaire, History Line 1914-18, comme son nom l’indique, propose un contexte historique antérieur au précédent.

Aussi bien dans Great Naval Battles que dans D Day, on peut laisser l’ordinateur jouer la panie entière ! En fonction des missions assignées au départ, Faction se déroulera sans nécessaire intervention du joueur, celui-ci se réservant la possibilité d’agir à tout moment là où il le juge bon. C'est d'un grand confort en comparaison des wargames de plateau où l’examen cas par cas des actions à engager pour chaque unité, à chaque tour de jeu, peut devenir fastidieux à la longue. En ce sens, le wargame sur micro constitue une innovation majeure. Ce d'autant plus que, par rapport à un jeu de plateau, il est aisé de cacher les informations non accessibles à vos services de renseignement à un moment donné. Cette faculté est exploitée dans The Perfect General.

Les grands classiques

Des chiffres et des lettres 

Des Chiffres et des Lettres. Chacun connaît cette émission de télévision. Il est très facile d'y jouer soi-même avec un PC. Ce programme ancien garde tout son attrait. Gagner au niveau débutant ne pose aucun problème. C'est par contre pratiquement impossible au niveau de difficulté le plus élevé, le programme s'étant avéré battre tous les champions.

Echec et mat

La programmation du jeu d’échecs est présentée comme un exemple type d'intelligence artificielle. En fait, la mémoire des parties déjà jouées par des humains entre pour une large part dans le "savoir" du programme, au détriment de l’algorithmique pure, trop gourmande de temps machine pour calculer suffisamment de coups à l’avance. Peu après l’avènement du PC, Sargon III constituait, et constitue toujours, un excellent challenge. On peut choisir un niveau de difticulté et revenir en arrière. Ses successeurs ajoutaient quelques gadgets supplémentaires comme une animation des pièces dans Battle Chess II. Les deux programmes les plus récents, Chessmaster 3000 et Sargon V rebaptisé World Class Chess, sont vraiment remarquables, et ajoutent une composante didactique qui n'existait pas chez les anciens.

Leur force atteint celle des grands joueurs (Elo 2200 en notation française). Il paraît toutefois que le tout nouveau Grand Master Chess est encore plus beau ci plus fort !

Marquer d’une pierre blanche

J’ai toujours vivement apprécié le jeu de Go. Simplement parce quil y a plus d’intersections que de cases sur un échiquier ou un damier, le nombre incommensurable de combinaisons est gage de nouveauté stratégique à chaque partie. Pas question d’apprendre par coeur les vingt ou trente premiers coups comme certains le pratiquent aux échecs. Go Simulator (The Many Faces Of Go) est un programme que les adeptes de ce jeu attendaient. Quelques autres programmes sont apparus antérieurement mais étaient beaucoup trop faciles à battre. Plus facile que le go et plaisant, Shanghai II, inspiré d’un autre jeu d'origine asiatique est à essayer.

Dix de der

Faut-il aller jusqu’à adapter les jeux de cartes ? L’ordinateur a déjà ouvert des possibilités ludiques entièrement nouvelles. J’irai jusqu'à dire qu'il a révolutionné le jeu. Aussi est-il bien nécessaire d’adapter  les grands classiques de cartes ou de plateau ? On ne retrouvera jamais sur l'écran d'un ordinateur l’ambiance créée par quatre joueurs de tarot ou de Monopoly autour d'une tabe. Bien des tentatives de ce genre ont connu l'échec. Dans Trivial Pursuit, vous tapiez au clavier la réponse à la question et ensuite l’ordinateur vous demandait si la réponse était correcte. Aucun jeu de cartes n'a vraiment connu de succès sur micro. Peut-être en ira-t-il différemment avec la simulation de bridge Ornar Shariff’s Bridge ?

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